Comité Social d’Administration
CSA des 9 et 10 octobre 2025- Déclaration Liminaire
Outre-Mer
Monsieur le président,
Nous abordons ce CSA Inter Régional dédié à l’Outre-Mer, dans un contexte de grande instabilité politique. Les différentes mobilisations font état d’une contestation sociale de grande ampleur. Les organisations syndicales, en intersyndicale, souhaitent un réel changement de politique en matière de justice sociale. Concernant notre administration, la PJJ se retrouve pour la troisième fois sans Garde des Sceaux. La fonction publique reste gelée alors qu’elle a besoin d’un plan d’action pour redynamiser notre administration et pour que la PJJ soit plus attractive. Sans moyens humains suffisants, la qualité de nos prises en charge ne sera pas assurée et se dégradera de jour en jour. De même, l’usure des professionnels continuera à s’amplifier.
Ce comité se tient dans un contexte social tendu, marqué par la fatigue et l’agacement des personnels. Une fois encore, nous alertons sur la nécessité d’un véritable dialogue social, transparent, respectueux et surtout efficace ! Les agents attendent des réponses, pas des effets d’annonce !
Pourtant, de nombreuses annonces sont bien développées au travers des documents fournis pour ce CSA.
En effet, vous citez ce double enjeu qui est de mener à bien les missions de la PJJ et de tenir compte des spécificités des territoires d’outre-mer.
Quelle est la réalité sur les terrains ?
Conditions de travail et climat social
Les personnels de l’Outre-mer, sont excédés entre le manque de reconnaissance, les injonctions paradoxales et la surcharge de travail qui fragilisent profondément les équipes.
La coupe est pleine !!
- En Milieu Ouvert et d’après les tableaux fournis, les agents sont au dessus de la norme de 25 jeunes par éducateur. A cela s’ajoute une réalité de terrain, une charge de travail toujours plus dense : mise en place des stages, diverses missions (PEAT, QM), déplacements sur un vaste territoire…
La CGT-PJJ IFOM exige un abaissement des normes de prise en charge sur les territoires d’Outre Mer au regard des spécificités du territoire, des conditions culturelles, climatiques et socio-économiques. - Les éducateurs ne sont pas les seuls à être impactés. Les psychologues ainsi que les assistants de service sociaux souffrent également d’une augmentation des MJIE civiles sans prise en compte du nombre croissant d’enfants . Des postes vacants de psychologues sont à souligner et ce sur plusieurs unités.
- Les Adjoints Administratifs font face à une multiplicité de tâches qui relèvent des missions des Secrétaires Administratives, sans aucune revalorisation financière.
- L’état général de l’immobilier en Outer Mer handicape fortement les agents pour qu’ils puissent exercer dans de bonnes conditions de travail . Certains bâtiments sont inadaptés et ne répondent ni aux besoins, ni aux normes, ni au respect de l’accueil des usagers.
Le climat social, le contexte politique et l’augmentation de la criminalité ne permettent pas aux agents d’exercer leurs missions en toute sécurité. L’administration ne fait pas toujours preuve de réactivité quant à leur protection.
La CGT-PJJ IFOM n’est pas partisane d’une politique d’ affichage et vitrine, sans moyens alloués .
Le dialogue social ne doit pas être vécu comme une simple formalité, mais une instance de travail et de construction collective favorisant l’équité et le respect des agents, sur tous les territoires.
Activité ultramarine et budgets
La CGT-PJJ IFOM salue la présentation d’un bilan et des perspectives pour l’activité ultramarine. Pour autant, les constats et les réalités restent identiques : manque de moyens, isolement, difficultés de recrutement…
Si les collègues en Guadeloupe et en Martinique constatent une amélioration, les budgets demeurent insuffisants. Nous exigeons une dotation adaptée aux besoins et une politique claire de soutien aux Directions Territoriales d’Outre-Mer.
La “Justice de proximité” ne doit pas être un simple slogan : elle nécessite des moyens humains, stables, une présence éducative effective et des partenariats fidélisés, adaptés à chaque territoire. Les partenariats doivent être construits à partir du terrain, en concertation avec les agents.
RPS et gestion de crise
Les risques psychosociaux explosent. Les agents sont sous tension, épuisés, souvent livrés à eux-mêmes. Les réponses distillées au “compte-gouttes” ne suffisent plus ! La CGT-PJJ IFOM exige un plan d’urgence, un accompagnement en Ressources Humaines de proximité et une véritable politique de prévention.
Les personnels administratifs et techniques doivent, eux aussi, être pleinement reconnus.
Les taux de déclaration d’accidents de travail, de reprise à Temps Partiel Thérapeutique augmentent de façon considérable.
La CGT-PJJ IFOM continue à être sollictée dans le cadre de l’accompagnement individuel des agents en lien avec des situations d’entrave aux droits.
Formation, mobilité et attractivité
La mobilité vers ou depuis les Outre-Mer est un parcours du combattant : manque de transparence, critères flous, inégalités et inéquités territoriales.
La CGT-PJJ IFOM demande l’ouverture des postes et le non recours aux missionnements.
L’attractivité par la reconnaissance financière ne suffit plus. Les agents doivent être accueillis, formés, accompagnés tout au long de leur mobilité. Aussi, la réalité des territoires doit être décrite et tranmise, en amont.
Concernant les orientations sur les mobilités et les recrutements en Outre-Mer, la CGT-PJJ IFOM sollicite une priorité de mobilité pour les agents déjà affectés sur leur territoire.
Les formations doivent être pensées comme un droit, pas comme une variable d’ajustement. La CGT-PJJ IFOM réclame que les dispositifs de formation des agents affectés en Outre-Mer soient renforcés, avec un suivi tout au long de la mobilité. De même, la méthodologie sur l’accès à la formation de mobilité Outre-Mer doit être transparente, équitable et concertée.
Nous refusons toute opacité ou logique de cooptation en défaveur des agents du service public.
Schémas de placement Océan Indien et Antilles Guyane
Les schémas de placement, contextualisés selon les territoires, restent des documents très techniques qui ne sont pas toujours en phase avec la réalité et les besoins du terrain.
Les éducateurs peinent à trouver des solutions d’hébergement adaptées et individualisées comme l’exige la loi. Cette situation conduit souvent à des incarcérations, faute de places.
Quid également des solutions d’hébergement pour les filles, les jeunes majeurs, les jeunes en situation de handicap, souffrants de troubles psychiques et/ou en situations irrégulières ?
La CGT-PJJ IFOM soutient l’importance du maillage institutionnel et exige que les agents de terrain soient associés à la déclinaison opérationnelle de ces schémas.
Lieux de privation de liberté
Les chiffres de l’incarcération des mineurs en Outre-Mer augmentent faisant fi du respect des règles de détention des mineurs : encellulement individuel non respecté (Mayotte, Guadeloupe, Guyane), jeunes filles incarcérées au sein des Quartiers Femmes, absence de Quartier Mineurs en Polynésie …
La CGT-PJJ IFOM exige le respect des droits des mineurs incarcérés ainsi que la structuration des services.
La CGT-PJJ IFOM exige des actes concrets et refuse cette politique du chiffre et de vitrine affichée.
Nous exigeons que les moyens soient alloués, que le respect des mineurs accompagnés et des agents soit une priorité et que la cohérence soit de mise.
Nous resterons, comme toujours, force de proposition et de résistance, au service des agents et du service public.
La CGT-PJJ IFOM portera, tout au long de ce CSA, la voix des agents de l’Outre Mer qui attendent des actes concrets et non des bilans de façade.
Nous voulons une PJJ qui donne du sens à l’action éducative, qui accompagne ses agents et qui assume pleinement ses missions de service public auprès des jeunes dans le respect de la loi !
La CGT-PJJ IFOM sollicite un point d’étape dans six mois à la suite de ce comité afin de mesurer l’évolution des perspectives déclinées.