Quand les digues vacillent, la barbarie s’avance.

Quand le chef de l’État et son ministre de la Justice brouillent la frontière entre pouvoir politique et autorité judiciaire, c’est tout l’équilibre républicain qui vacille. Ces signaux politiques sapent la confiance dans l’État de droit.

Ce tract revient sur cette dérive aussi grave qu’inquiétante.

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La condamnation à cinq ans de prison ferme de Nicolas Sarkozy aurait dû être un moment de clarté et de fierté. Non pas la fierté de voir un homme en prison, mais la fierté de vivre encore dans une République qui garantit une institution judiciaire indépendante du pouvoir politique.

La preuve que, dans un État de droit digne de ce nom, nul n’est au-dessus des lois. Mais ce moment de vérité a aussitôt été recouvert par une clameur indigne : celle de responsables politiques de premier plan et de nombreux médias, non pas contre le coupable, mais contre les juges. C’est ainsi que l’on fissure, pierre après pierre, la digue fragile de l’État de droit et du principe de séparation des pouvoirs. C’est ainsi que l’on prépare le terrain où prospèrent l’arbitraire et la barbarie.

Ces attaques nous inquiètent d’autant plus qu’elles résonnent avec ce que nous observons dans notre propre ministère. Là aussi, les digues craquent. Une organisation toujours plus verticale, des décisions qui se prennent dans l’ombre, une parole professionnelle étouffée et la résignation face à la dégradation de nos missions de service public : tout cela installe, insidieusement, l’habitude du renoncement. Et ce renoncement, à force de se répéter, devient complicité involontaire.

Être citoyen d’un pays démocratique n’est pas un confort, c’est une responsabilité. La démocratie n’est pas tombée du ciel : elle est le fruit de luttes, de résistances, de courage, de sacrifices. Nos anciens ont payé ce droit au prix fort. Nous avons, à notre tour, le devoir de défendre, d’entretenir et de transmettre ce qui nous a été confié. Ne pas le faire serait trahir leur combat.

Nous savons que les heures sombres n’arrivent jamais dans le fracas. Elles avancent pas à pas. Le bruit des bottes fait trembler, mais le silence des pantoufles ouvre grand les portes.

Aujourd’hui, tous les ingrédients d’un basculement sont là : populisme décomplexé, attaques contre l’indépendance de la justice, verticalité des pouvoirs, asservissement des médias soumis au pouvoir des plus puissants, affaiblissement de tous les contre-pouvoirs, culture généralisée de l’opacité, augmentation de la corruption et affaiblissement des services publics.

Demain, si nous restons immobiles, il sera trop tard pour nous indigner. La CGT-PJJ alerte : défendre la justice, c’est défendre la démocratie. Et défendre la transparence, le collectif et la parole des professionnels dans nos services, c’est déjà refuser l’autoritarisme de demain.

Ne nous y trompons pas : l’heure est grave. Mais tant que nous tenons ensemble, les digues tiendront. Résister, c’est déjà construire.

Organisons-nous, syndiquons-nous.

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